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[외신기자클럽] 당신의 눈 안으로 스며드는 연기 (+불어원문)

에티엔 쥘 마레이, 왕가위, 장이모, 전수일, 떠 있는 것에 대한 미학

요즘 파리 오르세미술관에서는 프랑스의 학자 에티엔 쥘 마레이(1830∼1940) 전시가 열리고 있다. 그는 인체의 움직임 재현에 관한 연구로 영화선구자 중 한명이 됐다. 특히 그는 조트로프(이 발명품 이름이 프랜시스 포드 코폴라의 스튜디오 이름이 된다)의 발명자인데 이 장치는 회전체 위에 올려진, 날고 있는 갈매기를 나타내는 열개의 조각을 일컫는다. 회전체를 빨리 돌게 하면 정확하게 진짜 새와 같은, 날개를 파닥이는 단 한 마리의 갈매기만 보이게 된다.

1899년과 1901년 사이에 마레이는 장애물에 대고 연기를 뿜어대는 기계를 발명해내고 유리판 위에 연속사진을 찍는다. 이 연속사진은 공기의 움직임을 잡아내고 공기의 저항성을 계산하기 위한 것이었다. 현재 오르세에서 전시하는 것이 바로 유령과도 같은 이 아름다운 이미지이다. 미술관은 그 밖에도 마레이의 기묘한 연기 송풍장치도 다시 만들었다. 우리 앞에서, 다소 무거운 구름이 부어올라 흩어졌다가는 마치 화면 뒤에서처럼 유리판 아래에서 다시 뭉쳐진다. 이 광경은 매혹적이다. 마치 슬로모션의 베일 춤 같은 가장 정결하고 가장 유연한 연속체를 보는 듯하다.

<약혼식의 긴 일요일>에서 장 피에르 주네의 마술로 미술관은 마레이 시대에 그랬듯이 역모습으로 되돌아간다. 증기기관차의 연기로 찼던 역의 천장은 우리에게 마레이의 작업이 발아기의 산물이라는 것을 상기시킨다. 기술적 시점에서 보자면 마레이의 스모크 머신은 비행선의 발명에 기여했다(오늘날, 이 기계는 공기 저항을 줄이는 유선형의 차체를 그릴 때 항상 이용된다).

하지만 이 기계는 여전히 우리를 도취시킨다. 왜냐하면 이것이 늘 영화를 사로잡고 있는 미학에 대한 기초를 설정하기 때문이다. 즉, 마레이가 말했듯이, 어떻게 “보이지 않는 것을 보여줄 것인가?”, “어떻게 공기의 모양을 보여줄 것인가?”, “어떤 영화인이 구름의 가벼움의 미를 모방하려고 애쓰지 않겠는가?” <연인> 초반부에서 장쯔이가 보인 그 유명한 춤, 천이 펼쳐져서 물결처럼 굽이쳐 북을 치고 증발하듯 사라지는 그 춤은 무술예술영화의 격투와 호응한다. 프레드 아스테어에게서처럼 쿵후의 연기자들에게서 우리가 매료되는 것은 바로 그들 몸의 가벼움, 시간을 벗어난 듯한 정지된 상태에서 그들이 펼치는 완벽하게 읽을 수 있는 움직임이다. 슬로모션(마레이의 다른 발명인)으로 홍콩 영화인들은 배우들을 더욱 연기와 가깝게 한다.

은 마레이의 미학에 훨씬 더 근접해 있다. 이 영화 속의 모든 것이 떠 있는 것 같은데 특히 여인들은 공기처럼 가볍고 우아하며 숭고하다. 음악과 슬로모션에 의한 떠 있는 듯한 걸음으로, 문 뒤로 좀더 자취를 잘 감추고, 배경 안에 조용히 좀더 잘 미끄러지기 위해 그녀들은 나타난다. 양조위가 회오리치듯 피어올라가다 공기 중에 흩어지는 연기를 바라볼 때 그는 그의 인생을 가로질러가는 연기와도 같은 여인들, 그 잡을 수 없는 아름다운 실체에 자신을 연결하는 운명을 읽는다. 그리고 그의 재떨이에는 ‘시간의 재’가 흩어진다. 치미노의 <천국의 문> 광고가 말하듯이 “우리가 인생에서 사랑하는 것은 사라지는 것들이다”.

그런데 오르세의 조트로프와 스모크 머신 앞에서 한편의 한국영화가 떠올랐다. 전수일 감독의 1999년 작품 <새는 폐곡선을 그린다>는 지난 세기 프랑스의 학자가 잡아내려고 한 아름다움을 정확하게 이야기했다. 5년이 지난 지금, 이 영화의 몇몇 부유하는 이미지들, 야릇하며 시적인, 거의 증발해버린 아름다운 작품에 대한 흐릿한 기억만이 내게 남아 있다.

Le musée d’Orsay à Paris présente actuellement une exposition consacrée au savant français Etienne-Jules Marey (1830-1904). Ses recherches sur la reproduction du mouvement des corps en font l’un des pionniers du cinéma. Il fut notamment l’inventeur du « Zootrope » (qui donne son nom au studio de Francis Ford Coppola) : dix sculptures représentant des goélands en plein vol, montées sur une roue. Lorsque l’on fait tourner la roue rapidement, on ne voit plus qu’un seul goéland battant des ailes, exactement comme un véritable oiseau.

Entre 1899 et 1901, Marey invente une machine qui projette des jets de fumée sur des obstacles et prend une série de clichés sur verre. Ils sont destinés à capter les mouvements de l’air et calculer sa résistance. Ce sont ces belles images fantomatiques qu’expose en ce moment Orsay. Le musée a également reconstitué les étranges souffleries à fumée de Marey. Devant nous, les nuages plus ou moins lourds enflent, se déchirent puis se réunissent sous une plaque de verre, comme derrière un écran. Le spectacle est fascinant : on croirait une danse de voiles au ralenti, la formation continue de la beauté la plus pure et la plus fluide.

Dans « Un long dimanche de fiançailles », le musée redevient la gare qu’il était du temps de Marey, par la magie de Jean-Pierre Jeunet. La voûte envahie par la fumée des trains à vapeur nous rappelle que les travaux de Marey sont le produit d’une époque bourgeonnante. D’un point de vue technique, la machine à fumée de Marey contribua à l’invention de l’aéroplane (de nos jours, elle est toujours utilisée pour dessiner les carrosseries aérodynamiques).

Cependant elle nous hypnotise toujours car elle pose les bases d’une esthétique qui hante le cinéma : comment, comme disait Marey, « montrer l’invisible », la « forme de l’air » ? Quel cinéaste ne cherche pas à imiter la beauté légère de ces nuages ? La fabuleuse danse de Zhang Ziyi au début de « Poignards Volants », ces tissus qui se déroulent, ondulent pour percuter des tambours puis retombent en s’évaporant, répond aux combats du cinéma d’art martial. Ce qui nous fascine chez les acteurs de Kung Fu, comme chez Fred Astaire, c’est bien la légèreté de leur corps, les mouvements parfaitement lisibles qu’ils exécutent en suspension, comme hors du temps. Avec le ralenti (une autre invention de Marey), les cinéastes de Hongkong rapprochent davantage les acteurs de la fumée.

« 2046 » s’apparente plus encore à l’esthétique de Marey. Tout dans le film semble flotter, les femmes en particulier sont aériennes, gracieuses et éthérées. Elles apparaissent pour mieux s’éclipser derrière des portes, glisser silencieusement dans les décors, d’une démarche suspendue par la musique et le ralenti. Quand Tony Leung regarde les volutes de sa cigarette monter puis se dissoudre dans l’air, il lit le destin qui l’attache aux femmes de vapeur qui ont traversé sa vie, belles réalités insaisissables. Et dans son cendrier s’éparpillent les « cendres du temps ». Comme disait la publicité des « Portes du paradis » de Cimino : « ce qu’on aime dans la vie, ce sont les choses qui s’effacent ».

C’est cependant un film coréen qui à Orsay vient à l’esprit devant le Zootrope et les machines à fumée. « L’oiseau qui suspend son vol » réalisé en 1999 par Chon Su-il parlait directement de la beauté que cherchait à capter le savant français au début du siècle dernier. Cinq ans plus tard, il ne me reste du film que quelques images flottantes, le souvenir flou d’une belle œuvre, étrange et poétique, presque évaporée. Adrien Gombeaud , Critique et Journaliste à la revue Positif.