지난 3월, 한국 감독들과 만나기 위해 방한했을 때의 장 마리 귀스타브 르 클레지오.
우리의 가장 위대한 작가 중 한명인 장 마리 귀스타브 르 클레지오(작품들이 한국어로 번역됐으리라 생각한다)는 새로 발간한 책에서 영화에 대해 이야기한다. 그렇지만 평범한 ‘영화에 관한 책’, 이론이나 역사를 다룬 것은 아니다. 책 제목에서 르 클레지오는 ‘영화산책’(Ballaciner)라는 단어를 만들어내는데, 그 뜻은 ‘영화 속 산책’(ballade en cinema), 자기 영화들 속을 걸어다니는 것, 자기 인생을 동반하는 영화 속을 산책하는 것을 말한다. 그는 자신의 어린 시절 작은 영사기를 떠올리고, 해롤드 로이드를 보며 웃음을 터뜨린 것, 니스의 예술영화관과 위대한 일본영화, 시네마테크 프랑세즈와 이탈리아 네오리얼리즘을, 그리고 상대적으로 최근의 키아로스타미나 브루노 뒤몽 작품을 보면서 느낀 감정들을 떠올린다. ‘영화산책’은 또 관객의 아찔한 느낌, ‘balancement’(동요, 흔들림)의 감정을 전달하기도 한다. 발리우드의 영상을 보면서 그는 가장 완벽한 정의를 뽑아낸다: “어쩌면 자는 것과도 같다. 꿈꾸는 것, 영상들의 마음이 내키는 대로 구름에서 구름으로 떨어지는 것, 번개 섬광에 둘러싸여….”
결론에 이르러 작가는 ‘내일의 영화는 한국영화인가?’라는 제목이 붙은 장에서 자신의 한국영화에 대한 사랑을 떠올린다. 작가는 이 질문이 “좀 헛되다”며 “르누아르와 에이젠슈테인에 대해 한명은 프랑스인이고 다른 한명은 러시아인이라고 말하는 것만큼이나 무의미하다. 셰익스피어가 영국 작가라는 것이나 돈키호테가 스페인 인물이라는 것을 상기하는 것만큼이나 그렇다”고 분명하게 말한다. 이 2쪽 분량의 짧은 글에서 주목할 만한 것은 바로 르 클레지오가 마치 로베르토 로셀리니나 오즈 야스지로에게 했던 것처럼 한국영화를 자기 것으로 삼는다는 것이다. 김기덕이나 이창동의 영상들이 영화산책 과정에서 주워 모은 샤티야지트 레이나 미조구치 겐지의 것들과 자연스럽게 들러붙는다. 한국영화가 외국에 열린 이후로, 즉 십수년간, 한국의 생산물로 머물더라도 엄격히 말해 더이상 한국의 소유물만이 아닌 게 됐다. 각자가 서리해갈 자유를 누리는, 어제와 오늘의 멋진 세계영화들이 든 장난감 상자 속에 자리를 잡은 것이다. 일반 관객의 기억 속에서 한국영화는 이제부터 영화의 다른 추억들과 다른 수평선에서 온 다른 영상들과 무분별하게 뒤섞이게 된 것이다.
<발라시네>에서 르 클레지오는 박찬욱, 이창동, 이정향을 인터뷰한다. 이 책 깊숙이 파묻혀 자고 있는 질문은 글쓰는 일에 인생을 바친 영화광의 것이리라 생각된다. “왜 문학을 선택하는가?” 이 점에서 이창동과의 만남이 꼭 필요했다. 그래서 이 인터뷰들은 기자의 작업이 아니라 영화를 직면한 소설가의 시험인 것이다. 그렇게 해서 그 장의 마지막 문장에서 르 클레지오는 최후의 ‘산책 ’, 마지막의 영상을 창조하기 위해 이정향을 연출한다. 배경을 꾸미고, 숏을 구성하고, 조명도… 그리고 바로 우리 앞에 <집으로…>의 작가가 신촌거리를 걸어가는 걸 보게 된다. 액션! “이런 시야에서 그녀를 바라볼 때면, 서울은 세상에서 가장 젊은 도시 같고, 분주하고, 혼잡하고, 야단스럽고 반짝거리는 듯하다. 이 군중 속에서 이정향의 가볍고 연약한 실루엣은 어떻게 보면 오늘날의 한국영화가 현실에 갖다 대는 주의 깊고 정열적인 비평가의 시선의 상징과도 같다.” 느리게 페이드 아웃. 엔드 크레딧.
Ballaciner en Corée
Dans son nouveau livre, Jean-Marie-Gustave Le Clézio, l’un de nos plus grands écrivains (son œuvre est, je crois, traduite en coréen), parle de cinéma. Il ne s’agit cependant pas d’un « livre de cinéma » ordinaire, d’un ouvrage théorique ou d’une histoire du cinéma. Dès le titre, Le Clézio invente le verbe « Ballaciner » : ballade en cinéma, promenade dans son cinéma, celui qui accompagne sa vie. Il évoque le petit projecteur de son enfance, ses éclats de rire devant Harold Lloyd, les salles Arts et Essais de Nice et le grand cinéma japonais, la Cinémathèque française et le néo-réalisme italien, plus récemment l’émotion qui le traverse devant les œuvres de Kiarostami ou de Bruno Dumont. « Ballaciner » traduit aussi la sensation vertigineuse du spectateur, ce sentiment de « balancement ». Devant les images de Bollywood, il en livre la plus parfaite définition : « Dormir, peut-être. Rêver, tomber de nuage en nuage au gré des images, entouré par les éclairs… »
Proche de la conclusion, l’auteur des « Voyages de l’autre côté » évoque son amour du cinéma coréen actuel dans un chapitre intitulé « Le cinéma de demain sera-t-il coréen ? » L’auteur précise que cette question est « un peu vaine » : « il n’y a pas plus de sens à dire de Renoir et d’Eisenstein qu’ils sont l’un français, l’autre russe, que de rappeler que Shakespeare est un auteur anglais, ou Don Quichotte un personnage espagnol. » Ce qu’il y a de remarquable dans ce bref passage (deux pages), c’est justement la façon dont Le Clézio s’approprie le cinéma coréen, comme il s’est approprié Rossellini ou Ozu. Les images de Kim Ki-duk ou Lee Chang-dong s’agglutinent naturellement à celles de Ray ou Mizoguchi glanées au cours de cette ballaciné. Depuis que le cinéma coréen s’est ouvert à l’étranger, c'est-à-dire depuis une dizaine d’années, il n’appartient donc plus strictement à la Corée même s’il en reste le produit. Il prend place dans le merveilleux coffre à jouets du cinéma mondial d’hier et d’aujourd’hui où chacun est libre de picorer. Dans la mémoire du spectateur ordinaire, les films coréens se mêlent désormais indistinctement à d’autres souvenirs de cinéma, d’autres images venues d’autres horizons.
« Ballaciner » se poursuit par trois entretiens de Le Clézio avec Park Chan- wook, Lee Chang-dong et Lee Jeong-hyang. En creux du livre dort bien entendu la question du cinéphile qui a consacré sa vie à l’écriture : « pourquoi choisir la littérature ? » Sur ce point, la rencontre avec Lee Chang-dong s’imposait. Ces entretiens ne sont donc pas un travail de journaliste mais l’épreuve d’un romancier face au cinéma. Ainsi, dans la dernière phrase du chapitre, Le Clézio va mettre en scène Lee Jeong-hyang pour créer une ultime « ballade », une image de fin. Il dresse son décor, compose son cadre, sa lumière… et nous voilà avec l’auteur de « Jiburo », marchant dans les rues de Sinchon.
Action : « Quand on la regarde par ce bout de la lorgnette, Séoul semble la ville la plus jeune du monde, affairée, bousculée, clinquante et clignotante. Dans cette foule, la silhouette légère et fragile de Lee Jeong-hyang est un peu le symbole du regard critique, attentif et passionné que le cinéma coréen d’aujourd’hui porte sur le réel…»